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Homélie du 8 octobre 2023


Homélie XXVIIème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Au-delà de la déception


Il nous arrive à tous de connaître des déceptions. Nous pouvons être déçus car un projet qui nous tenait à cœur ne se réalise pas, du fait d’un contretemps. Nous pouvons être déçus de ne pas réussir un examen ou une compétition pour laquelle nous avions pourtant beaucoup travaillé. Nous pouvons être déçus de constater que peu de personnes se sont déplacés pour une fête que nous avions pourtant préparé à leur intention. Nous pouvons être déçus du manque de gratitude ou de l’indifférence de ceux qui nous entourent. Bref, nous pouvons être déçus de nous-même ou des autres. Mais nous pouvons parfois être déçu de Dieu lorsque nous avons prié et que rien ne s’est déroulé comme nous le pensions. Mais nous pouvons aussi décevoir les autres, nous pouvons aussi décevoir Dieu.

Le prophète Isaïe décrit justement une situation où le maître d’un domaine est déçu : il a planté une vigne, pour laquelle il s’est donné beaucoup de mal et pourtant, cette vigne se révèle décevante : « il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais ». Ce décalage entre ce qui était attendu et ce qui s’est passé peut vraiment décevoir ce maître. Quelle sera alors sa réaction ? Quelle est notre réaction lorsque nous sommes déçus ? Nous pouvons avoir de la tristesse, de la rancœur, de l’amertume dans le cœur : ne plus vouloir nous engager pour les autres, ne plus vouloir voir certaines personnes sur lesquelles pourtant nous comptions. Jésus reprend ce thème de la vigne face à ses interlocuteurs en les invitant à écouter une parabole qui les concerne, mais qui nous concerne aussi. A nouveau nous retrouvons un homme propriétaire d’une vigne, cela doit évoquer quelque chose de connu aux grands prêtres et aux anciens à qui il s’adresse. Ce propriétaire se donne du mal et confie ce qu’il a de plus précieux à des vignerons. C’est une chance pour ces vignerons de travailler ainsi dans cette vigne, mais au moment de la vendange, alors qu’il aurait été logique qu’ils remettent les fruits au propriétaire, voilà qu’ils veulent les garder pour eux-mêmes et cela va se traduire par de la violence à l’égard des serviteurs. Le maître a de quoi être déçu de ses vignerons, bien plus, il doit ressentir une certaine forme de colère devant tant de violence. Or, voici qu’il envoie d’autres serviteurs, non pas des soldats qui seraient venus punir ces vignerons homicides, mais d’autres serviteurs qui ne font que rappeler la justice et que les fruits appartiennent bien au maître. A nouveau, logique des vignerons les fait sombrer dans la violence. A ce point, le maître aurait pu légitimement décider d’un châtiment ou au minimum, d’un renvoi. Or, surprise encore plus grande, il va courir le risque de leur envoyer son propre fils en se disant « ils respecteront mon fils ». Quelle confiance, quelle bienveillance, en dehors de tout ce que nous aurions pu prévoir ! Et ce qui risquait d’arriver finit par se produire, il supprime le fils espérant ainsi récupérer la vigne. A ce moment, Jésus pose la question : « quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » ce qui l’intéresse, c’est que l’on se mette à la place du maître de la vigne, afin de ressentir ce qu’il peut ressentir, pour d’une certaine manière comprendre les sentiments même de Dieu dans une telle situation. La réaction est logique : cette injustice et cette violence mérite punition : « ces misérables, il les fera périr misérablement ».

Mais la réponse de Jésus ouvre un chemin tout à fait inattendu : il renverse les choses : « la pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenu la pierre d’angle », ce qui aurait pu être cause de déception de tristesse et de colère devient une nouvelle opportunité. Il indique que dans ce cas, la vigne – le Royaume de Dieu - sera donnée à d’autres. Dieu ne punit pas, mais les vignerons se privent eux-mêmes du don qui leur est fait. Nous pouvons nous aussi nous détourner de ce don de Dieu qui nous est fait : sa Parole, ses sacrements, le don de son Fils qu’il nous fait, nous pouvons refuser de reconnaître que Dieu est source de toute vie et vouloir tout garder pour nous. Le Seigneur ne punit pas, il ne supprime pas ceux qui l’abandonne, mais il donne ses dons à ceux qui sont en mesure de l’accueillir. Heureux sont alors ces vignerons appelés à travailler à la vigne du Seigneur et à lui faire porter un fruit qui lui revient.

Nos déceptions peuvent ainsi nous ouvrir de nouvelles opportunités : ce projet qui ne se fait pas nous fait découvrir une autre voie, ces amis décevants nous conduisent à découvrir d’autres personnes, nous pouvons aussi prendre conscience que nous-même pouvons décevoir ceux qui nous entourent. Si nous savons aller au-delà de nos déceptions, alors le Seigneur saura nous ouvrir des chemins nouveaux. Ne gardons ni tristesse, ni amertume, ni colère, mais prenons plutôt conscience du don de Dieu. Dieu sera pour nous parfois imprévisible, parfois incompréhensible, mais jamais il ne nous décevra.

Père Olivier Lebouteux.