Il y a quelques jours nous fêtions la conversion de saint Paul, et le lendemain, saints Timothée et Tite, fidèles compagnons de l’apôtre, établis par lui à la tête de deux Églises.
Le premier nous est davantage connu, en particulier par la lettre que saint Paul lui fait parvenir depuis le plus profond des geôles romaines alors que, d’ici peu, il rendra sa vie au Christ tant aimé de lui. Il le sait, il s’y prépare, il n’a pas peur ; mais il pense surtout aux Églises qu’il va laisser, et particulièrement à celle qu’il a confiée à Timothée et qu’il a chargé de la conduire : Éphèse. Paul a quelques craintes, car il connait bien Timothée : il sait sa foi, sa volonté pour le Christ. Mais il connait aussi sa fragilité : il est jeune encore, d’un tempérament un peu craintif et d’une santé peu solide. Il lui conseillera même de boire un peu de vin « à cause de ses fréquents malaises ». Reste qu’il lui a imposé les mains pour faire de lui un chef de communauté (aujourd’hui un évêque). Après mille difficultés, du fond de sa cellule, il parvient à lui adresser une lettre destinée à conforter son jeune compagnon. Il le nomme « Mon enfant bien aimé », il lui redit toute sa confiance et l’appelle au courage dans les épreuves, en se donnant lui même en exemple sans aucun artifice de fausse modestie. Il rappelle à son disciple que c’est dans le Christ que l’on puise sa force… « Enseigne avec douceur et patience ». Car le contexte est difficile : les Romains sont partout, les communautés sont fragilisées par les persécutions venues de l’extérieur, et minées de l’intérieur par des contradicteurs qui sont apparus dans les Églises et troublent les croyants. Alors Paul donne à son disciple des conseils qui peuvent nous être utiles à nous car, même si la forme a changé, les contradicteurs de l’extérieur et de l’intérieur n’ont pas disparu, y compris jusqu’à aujourd’hui: « Recherche la foi, l’amour et la paix » conseille-t-il, « rejette les discussions folles et stupides ; tu sais qu’elles suscitent des querelles » !
Apparaissent aussi, dès le début de la lettre, trois consignes qui peuvent nous guider nous-mêmes dans les difficultés que nous connaissons en notre temps : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné mais un esprit de force, d’amour et de pondération». L’amour est toujours au centre des trois qualités requises. Si nous sommes vraiment au Christ, alors nous l’aimons et nous voulons aimer nos frères, comme Lui nous a aimés. Alors nous pourrons être forts d’une force que nous recevrons d’En-Haut et trouver dans les épreuves une attitude juste. Le mot « pondération » convient très bien, cette pondération qui manque beaucoup en notre temps, où chacun a son opinion - contraire à celle du voisin - sur ce qu’il est bon de penser ou de faire. Opinions plus fréquemment émotionnelles que réfléchies et qui créent, en effet, des querelles non seulement stériles mais souvent mortifères.
Au cœur de cette pandémie, et dans bien d’autres domaines, sachons prendre du recul par rapport à nos impulsions mal maîtrisées, et prions pour que l’Esprit Saint nous aide et aide nos responsables à trouver et à décider avec justesse ce qui peut être le meilleur chemin de vie pour tous.
Père Jean-Jacques BODVING.