« Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit allumé ! » (Lc 12,49). Fini le temps de la vieille chrétienté, fini le temps d’une société porteuse, où la foi, la culture chrétienne, le nom de Jésus étaient un patrimoine commun. Envolée l’illusion d’une paroisse qui tourne toute seule dans tous ses services, où je peux tranquillement venir en consommateur et me dire qu’on n’a pas besoin de moi.
Le monde a changé, la société a changé. Il est fini le temps d’une pratique massive qui laissait imaginer qu’il n’y avait pas besoin pour nous d’annoncer, parce que de toute façon l’esprit de la société, l’habitude, la tradition familiale conduiraient toujours à faire vivre la foi. Regardons dans nos familles : combien de nos enfants ne se marient plus, de nos petits-enfants ne sont plus baptisés et n’entendront probablement jamais parler du Christ en famille ou par leurs amis ? Il n’est plus question d’attendre tranquillement que les personnes viennent jusqu’à nous pour demander quelque chose à l’Église.
Ce constat, fait sans crainte ni nostalgie, résonne au contraire comme un appel joyeux. Ce changement est une chance pour notre foi. Cela nous réveille et nous oblige. Il n’est plus question d’entretenir ou de faire tourner une boutique, attendant que l’on vienne à nous. C’est à l’Église, c’est à nous, d’aller au-devant des hommes. Aller à eux, mais pour quoi ? Pour proposer quoi ? Des valeurs ? Ils en trouveront ailleurs !
Aller à eux pour proposer Jésus ressuscité, la grandeur de ce mystère de la résurrection par lequel nous sommes sauvés, pour proposer avec joie la bonne nouvelle de la vie avec le Christ : bonne nouvelle pour chacun, bonne nouvelle pour l’amour humain et pour le mariage, bonne nouvelle pour la vie familiale, bonne nouvelle pour les plus pauvres, bonne nouvelle pour tous. Et bonne nouvelle pour toutes les dimensions de nos existences, qui, lorsqu’elles sont visitées par le Christ, deviennent fécondes. Tout cela vécu dans la beauté d’une vie fraternelle, dans une communauté heureuse de croire, attentive et accueillante. Et ce n’est pas simplement le rôle du prêtre, du diacre, ou de quelques-uns. C’est ton rôle, à toi qui me lis. Pourquoi ? Parce que Jésus veut ton cœur. Il veut ton cœur pour y faire brûler son amour et ainsi te donner la joie de croire. Il veut ton cœur, pour qu’en le brûlant il devienne contagieux de sa présence là où tu vis. Il faut donc d’abord que nous nous laissions remplir par le mystère de Jésus et de sa vie : l’Adoration proposée sur notre paroisse en est un des moyens privilégiés. Là, Jésus travaille nos cœurs pour les rendre brûlants. Là, on redécouvre la joie inégalable de Son amitié, et le désir irrépressible de La partager. Allez demander aux paroissiens qui évangélisent sur le parvis du RER un vendredi par mois combien la joie chrétienne est décuplée lorsqu’on annonce le nom de Jésus. Ne nous privons pas de cette joie.
Et ainsi, que brûle notre paroisse !
Père Ambroise Riché.