Quand la violence monte autour de nous, la menace grandit aussi de répondre au mal par le mal. Cela peut se faire de différentes façons : par l'indifférence, en se résignant et en devenant cynique, par fascination, en se laissant hypnotiser par la domination apparente du mal, ou encore par la vengeance, en rajoutant du mal volontaire au mal déjà subi.
Pour sortir de ces zones ténébreuses, la Bible vient nous donner ses lumières.
Elle le fait d'abord avec des paroles de sagesse qui semblent un peu folles, et
qui peuvent agir en profondeur sur notre comportement. Ainsi le Discours sur la
Montagne chez saint Matthieu (ch. 5-7), mais aussi la Lettre aux Romains :
" Bénissez ceux qui vous persécutent ; souhaitez-leur du bien, et non pas
du mal. (...) Soyez bien d’accord les uns avec les autres ; n’ayez pas le goût
des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous fiez
pas à votre propre jugement. Ne rendez à personne le mal pour le mal,
appliquez-vous à bien agir aux yeux de tous les hommes" (Rm 12,14-17). Ou
encore la Lettre de saint Jacques : "Que tout homme soit prompt à écouter,
lent à parler, lent à se mettre en colère ; car la colère de l'homme
n'accomplit pas la justice de Dieu » (Jacques 1,19-20).
Par ailleurs, la Bible n'a pas peur des scènes de violence. Souvent alors, elle
ne nous impose pas une leçon morale directe, pour mieux laisser l'histoire
résonner en nous. Comment nous positionnons-nous par rapport au mal décrit ?
Que remue-t-il dans notre propre vie ? Où sommes-nous invités à avancer à
travers tout cela ? Avec leur puissance verbale, les Psaumes en particulier,
mais aussi beaucoup de récits assez archaïques en apparence, sont en fait d'une
actualité étonnante. Ils peuvent nous aider à nommer la violence, à reconnaître
ses mécanismes, et à la dépasser.
Pour nous accompagner sur ce chemin, pour le suivre jusqu'au bout, nous avons
besoin du Christ. C'est lui la seule victime parfaitement innocente, qui a
accepté de supporter jusqu'au bout tous les effets du mal. C'est lui aussi qui
a fait voler en éclat son pouvoir. "Par sa chair crucifiée", nous dit
saint Paul , "il a détruit ce qui nous séparait, le mur de la haine. (...)
En sa personne, il a tué la haine". Pour sortir de l'indifférence, de la
fascination morbide, de la vengeance, ouvrons la Bible qui nous parle du Christ
à chaque page. Faisons résonner ses paroles, fixons notre regard sur lui, et
avec lui, nous serons vainqueurs du mal par le bien.
Père Guillaume LECLERC.