Parmi toutes les paroles et les gestes de Jésus que rapportent les évangiles, il en est un particulièrement significatif pour nous : la fraction du pain. Nous retrouvons cette expression à la fin du récit des disciples d’Emmaüs : « À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. » (Luc 24, 35).
Or, nous retrouvons la même expression au début du livre de Actes des Apôtres : « Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » (Ac 2, 42). Ce sont les deux seules fois où l’évangéliste saint Luc utilise ces expressions. La fraction du pain renvoie donc, pour toutes les générations de chrétiens, au geste du Christ ressuscité à Emmaüs. Il rend le Christ vraiment présent au milieu de ses disciples. Il rappelle la dernière Cène (Lc 22, 19), la multiplication des pains, et demeure associé aux repas que Jésus a partagés avec ceux qu’il a rencontrés.
Rompre le pain est un geste de convivialité, de partage. Il devient ainsi le symbole d’un partage fraternel, capable de nourrir une communion. Participer à la fraction du pain réalise la communion profonde qui unit les fidèles, comme l’indique saint Paul : « Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. » (1 Co 10, 16, 17) Nous devenons ainsi un seul corps, l’Eucharistie est le sacrement de l’unité.
Le pain rompu signifie enfin que le Corps du Christ est brisé, il nous rend contemporains de la mort de Jésus et nous associe à sa résurrection. C’est le rappel du plus grand amour manifesté par la mort de Jésus sur la Croix.
En participant à la fraction du pain, nous entrons nous aussi dans la communion fraternelle et vivons pleinement de la Vie nouvelle du Christ, mort et ressuscité : « Heureux les invités au festin des Noces de l’Agneau. »
Père Olivier Lebouteux.