« Écoute, Israël ! »
Écouter la Parole proclamée (dimanche de la Parole...), c’est le B-A BA de la foi depuis Abraham. Écouter, c’est aussi retenir, apprendre de l’autre ; écouter, c’est aussi obéir, prendre en compte le désir, la volonté exprimée d’un autre, de l’Autre, et ajuster notre agir à sa parole, à sa volonté. Obéir, c’est faire mienne la loi du groupe humain auquel j’appartiens (ma famille pour commencer), ou auquel je choisis d’appartenir (scouts, Église, parti, fan-club, congrégation religieuse...). Le péché qui détruit l’homme - Adam - est, à sa racine, à son origine, refus d’obéir. À l’inverse, l’Homme nouveau, Jésus, est celui qui « s’est fait obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2,8). C’est sur lui que prennent modèle les saints, les martyrs. Jésus veut respecter à la virgule près la Loi biblique, non de manière fondamentaliste mais fidèle à son esprit, car la loi doit édifier, rendre fécond et heureux. « Le sabbat est fait pour l’homme ! » (Mc 2,27)
Si j’entre dans la vie religieuse, je promets obéissance, je m’engage à faire mienne la Règle de vie de la Famille Spirituelle à laquelle je veux appartenir ; je chercherai à faire la volonté de Dieu d’une manière concrète en obéissant à la personne instituée pour exercer l’autorité et servir le bien commun. Comme consacré(e), je ne prends pas mes décisions sans avoir d’abord écouté mon père/ma mère supérieur(e). La semaine de l’Œcuménisme nous a fait reprendre conscience aussi de l’originalité des règles (de foi, de liturgie, de morale, de vie communautaire...), de ‘mon’ Église, par comparaison avec les ‘autres’. Plaider pour l’obéissance... Et la liberté personnelle, alors ? N’est-ce pas ma conscience que je dois écouter avant tout ?
Les célébrations récentes d’Auschwitz et, simultanément, ‘Une vie cachée’ ce film si beau et si grave, reposent la question de l’obéissance aux autorités du pays et de l’objection de conscience. C’est à Dieu que le chrétien veut obéir, mais dans quelles médiations humaines - politiques, religieuses, culturelles... - reconnaître Sa volonté ? Voulant obéir à sa foi en toute liberté de conscience, sans mentir, sans lâcheté, sans compromis, Franz Jägerstätter va à la mort. Le film n’interpelle pas seulement le juge qui le condamne mais chaque spectateur...
« Lorsque Marie et Joseph eurent achevé ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent à Nazareth » (Lc 2, 40). Qu’ils nous aident à obéir en toute responsabilité.
Père Robert Witwicki.