En cette fête du Christ Roi, la liturgie nous donne à contempler la figure du Christ en croix, sous les injures et les moqueries de ceux qui l’entourent (Luc 23, 35-43). Si la foule se contente d’observer la scène, les chefs, les soldats et l’un des malfaiteurs expriment à l’égard du Christ une même injonction : « Sauve-toi toi-même ». Cette triple mise en demeure répond à des motivations différentes suivant ceux qui la prononcent, mais vient comme en écho aux trois tentations de Jésus au désert au début de son ministère public. Ces trois catégories se font ainsi le relais de ce qui vient menacer le sommet de la mission de Salut de Jésus. Cette tentation peut prendre dans nos vies trois formes différentes, à l’image de ces trois injonctions prononcées contre Jésus sur la Croix : elles visent toutes à rendre vaines la mort et la résurrection de Jésus et donc notre propre salut.
Dans le premier cas, les chefs perçoivent que ce qui est en train de se jouer bouleverse tellement leur ordre établi qu’il est préférable de ne surtout pas le prendre en compte, ils sont comme rassurés que rien ne se passe. Ils préfèrent l’indifférence à la remise en question de leur manière de vivre.
Dans le second cas, les soldats tournent Jésus en dérision car cette situation d’échec apparent rend ridicule la prétention d’être son disciple. Tout ce à quoi ils assistent ne correspond en rien à leur manière de concevoir le monde, fondée sur des rapports de force. Ils préfèrent l’efficacité humaine immédiate à la fécondité surnaturelle de la Croix. Enfin, dans le cas du malfaiteur, la révolte et l’absence d’espoir le font crier vers Jésus, comme pour dénoncer une imposture. Que fait Dieu devant la souffrance et le mal ? Il reste en silence ! Et le salut ne se produit pas comme je l’attendais.
Il reste encore un dernier personnage. Lui aussi est un malfaiteur qui souffre, il constate comme les autres que ce roi n’a d’autre trône que le gibet auquel il est pendu. Pourtant, il semble déjà pressentir, au-delà de la souffrance et de la mort, l’aube d’un jour nouveau et que ce condamné est vraiment roi. Il se tourne avec confiance vers lui, avec comme seul désir de partager sa vie comme il s’apprête à partager sa mort. Sa confiance en Jésus lui ouvre alors sans délai la Porte du Paradis.
Père Olivier LEBOUTEUX.