En venant rapporter à Jésus la nouvelle des Galiléens qui se sont fait massacrer par Pilate alors qu’ils offraient un sacrifice, les gens prennent conscience que cela aurait très bien pu leur arriver.
Surgissent alors les questions : pourquoi eux ? Pourquoi à ce moment de leur vie ? Il est difficile de comprendre le sens profond d’un tel drame et Jésus, en donnant l’exemple de l’effondrement de la tour de Siloé, ne donne pas vraiment de réponse à ces interrogations. Il présente plutôt ces événements comme une invitation : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Luc 13, 5).
La conversion dont parle ici Jésus est à comprendre comme un changement profond de regard sur la vie et sur le monde. Le verbe employé dans le texte - métanoia - désigne en effet non pas tant une conversion au sens moral, qu’un changement d’état d’esprit. La prise de conscience de la fragilité de la vie, face à des événements dramatiques qui viennent y mettre un terme brutalement, en révèle également toute la beauté et tout le prix.
Chaque journée nous est donnée comme une invitation chaque fois renouvelée à découvrir la beauté et la valeur de la vie. Celui qui, à la suite d’une maladie ou d’un accident a vu passer la mort près de lui, sait probablement davantage goûter ce temps présent que Dieu nous accorde. Nous savons aussi que nous ne sommes pas installés de manière définitive sur cette terre et que notre vie est dans la main de Dieu.
Saint Théophane Vénard, jeune missionnaire martyr de la fin du XIXème siècle et qui fut décapité alors qu’il n’avait que 31 ans, écrivait ainsi à son père, peu de temps avant sa mort : « Un léger coup de sabre séparera ma tête, comme une fleur printanière que le Maître du jardin cueille pour son plaisir. Nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre que Dieu cueille en son temps, un peu plus tôt, un peu plus tard. Tâchons tous de plaire, selon le parfum ou l’éclat qui nous sont donnés, au souverain Seigneur et Maître. »
Père Olivier LEBOUTEUX